Le projet Pléiades s’intéresse au renouvellement des dynamiques entrepreneuriales dans le secteur agricole et vise à développer des solutions avec les acteurs du secteur agricole et alimentaire. Il s’agit d’un projet de recherche-action, ce qui signifie que les objectifs et les méthodes sont discutés et mis en œuvre avec les partenaires.
Financeur : Terra Isara (fonds de dotation)
Les résultats du recensement général agricole de 2020 mettent en évidence d’importantes évolutions dans l’agriculture française. La moitié des agriculteurs français prendront leur retraite d’ici 2030. L’emploi familial diminue progressivement, remplacé par des salariés permanents ou saisonniers. La part des formes sociétaires continue de croître.
Face à ce défi démographique, le projet Pléiades s’intéresse au renouvellement des dynamiques entrepreneuriales dans le secteur agricole et vise à développer des solutions avec les acteurs du secteur agricole et alimentaire. Il s’agit d’un projet de recherche-action, ce qui signifie que les objectifs et les méthodes sont discutés et mis en œuvre avec les partenaires.
Une première phase du projet a permis en 2022 d’établir un état des lieux des mutations et innovations quant aux modes d’accès au foncier, de financement, aux trajectoires individuelles et formes d’organisation collective.
Dans une seconde phase du projet, une recherche-action est mise en place autour des filières laitière et arboricole, pour lesquelles le renouvellement des générations pose l’enjeu de l’approvisionnement en matières premières.
Dans la filière laitière, c’est l’attractivité du métier qui est en jeu. Une analyse des trajectoires d’installations de profils « atypiques », notamment des femmes et des hors-cadre familiaux installés en filière longue, questionne les motivations et facteurs d’épanouissement au travail (Courret, 2023).
L’enjeu du renouvellement se pose également de manière spécifique en filière arboricole marquée par des délais longs de retour sur investissement, une maîtrise technique complexe et exposée aux risques climatiques et phytosanitaires, et le recours à de la main d’œuvre salariée permanente et temporaire. Une analyse technico-économique menée avec la méthode du diagnostic agraire dans la moyenne vallée du Rhône permet d’établir une modélisation technico-économique des systèmes de production et d’identifier les conditions de poursuite de l’activité arboricole (Couzon and Hebert, 2023).Ces travaux mettent en lumière le besoin d’une meilleure reconnaissance du métier, financière mais aussi sociale, au sein de la chaîne de valeur et dans les territoires. Ils révèlent aussi l’importance des collectifs professionnels pour mutualiser les moyens et donner du sens au travail.
Approches méthodologiques
Mobilisant une approche de recherche action, le projet se déroule en deux phases.
Une première phase consiste à établir un état des lieux des mutations qui sont à l’œuvre dans le renouvellement entrepreneurial en milieu agricole. Celle-ci se décline en trois temps :
- Caractériser les mutations et les signaux faibles ;
- Evaluer les enjeux et besoins pour accompagner le renouvellement des générations en agriculture;
- Repérer et analyser les formes et stratégies innovantes
Cette première phase a été conduite avec les méthodes suivantes:
- Des entretiens qualitatifs avec 25 acteurs, organisations professionnelles agricoles, acteurs du développement rural, acteurs de la formation agricole, acteurs des filières agricoles afin de comprendre leur analyse des enjeux et besoins pour le secteur
- L’analyse des statistiques agricoles afin de dresser un état des lieux de la situation régionale
- Le repérage de dispositifs émergents de soutien à l’entrepreneuriat agricole (financement, foncier…);
- L’analyse de 10 fermes ou projets agricoles «innovants»
Une seconde phase du projet consiste à la mise en place de recherches-actions ciblées sur les filières laitières et fruitières, marquées par un faible taux de renouvellement des générations, ce qui soulève des questions quant à l’approvisionnement en matières premières.
Dans la filière laitière, c’est l’attractivité du métier qui est en jeu c’est pourquoi chercheurs et partenaires ont retenu une approche sociologique. Une analyse des trajectoires d’installations de profils « atypiques », notamment des femmes et des hors-cadre familiaux installés en filière longue, a été menée, s’intéressant plus spécifiquement aux motivations, aux ressources individuelles et collectives mobilisées au cours de l’installation et aux facteurs d’épanouissement au travail (Courret, 2023). Ce travail s’est appuyé sur 20 entretiens qualitatifs longs. En filière arboricole, chercheurs et partenaires ont souhaité caractériser les différents modèles d’exploitations arboricoles et les conditions de leur renouvellement. Une analyse technico-économique est menée avec la méthode du diagnostic agraire dans la moyenne vallée du Rhône, sur le territoire situé entre Auberives-sur-Varèze et Tain l’Hermitage (Couzon et Hebert, 2023). Ce travail s’appuie sur 73 entretiens technico-économiques menés auprès d’agriculteurs retraités ou en activité, et 6 entretiens semi-directifs avec des acteurs du territoire et de la filière.
Résultats clés
Le travail réalisé au niveau de la filière laitière montre que le parcours d’installation est une succession d’épreuves pour « trouver sa place » professionnelle, qu’on soit issu du milieu agricole ou non. Il faut composer avec le cédant, les collectifs impliqués dans l’organisation du travail au quotidien, le groupe professionnel local, la laiterie et les autres acteurs du territoire. L’étude révèle la nécessité de nuancer les catégories « cadre » / « hors-cadre » et de questionner les stéréotypes de genre.
L’enjeu du renouvellement se pose également de manière spécifique en filière arboricole marquée par des délais longs de retour sur investissement, une maîtrise technique complexe et exposée aux risques climatiques et phytosanitaires, et le recours à de la main d’œuvre salariée permanente et temporaire. Trois principaux modèles d’exploitations arboricoles se distinguent par leur taille, l’importance des capitaux nécessaires à leur reprise et les modalités de valorisation des productions. Plusieurs leviers émergent et ont été discutés avec les agriculteurs et acteurs locaux pour leur maintien en termes d’accès aux capitaux, de valorisation de la production, de mutualisation (Couzon and Hebert, 2023).
De manière transversale
- Ces travaux mettent en lumière le besoin d’une meilleure reconnaissance du métier, financière mais aussi sociale, au sein de la chaîne de valeur et dans les territoires.
Ces travaux révèlent aussi l’importance des collectifs professionnels pour mutualiser les moyens (par exemple les équipements, les machines, les infrastructures d’irrigation, mais aussi l’hébergement de la main d’œuvre temporaire en arboriculture) et donner du sens au travail. De nouveaux types de fermes collectives émergent et renouvellent aussi le rapport au métier, au capital et expérimentent de nouvelles formes juridiques.
Équipe projet
Perrine Vandenbroucke, Hélène Brives, Carole Chazoule, Stéphanie Tabaï et Jérôme Zlatoff
Ressources et publications
Site web du projet : Projet Pléiades – Terra Isara
Communications scientifiques
Laure Courret, Hélène Brives, Perrine Vandenbroucke, Claire Delfosse, Trouver à la place en élevage bovin lait : étude de vingt trajectoires d’installation dans le Rhône et la Loire, Colloque SFER Les exploitations agricoles et les métiers en agriculture : Évolutions, transformations, perspectives, Angers, 6-7 juin 2024
Eugénie Couzon, Alexandra Hébert, Nicolas Brulard, Olivier Ducourtieux, Perrine Vandenbroucke, Perspectives de renouvellement des exploitations en arboriculture dans la moyenne vallée du Rhône, Colloque SFER Les exploitations agricoles et les métiers en agriculture : Évolutions, transformations, perspectives, Angers, 6-7 juin 2024
Articles scientifiques
Hélène Brives, Mathilde Grau, Caroline Mazaud. Faire du “bon travail” en collectif : l’exemple des Cuma. In Construire, perdre, retrouver le sens du travail en agriculture coordonné par Philippe Spoljar, Lucie Dupré, Caroline Depoudent, éditions Educagri. https://www.calameo.com/agrosupdijon/books/0007130573868f384678d
Vandenbroucke P. (2015) « L’exploitation familiale et son rapport au territoire de 1960 à aujourd’hui », Bulletin de l’Association des Géographes Français, Vol.3, 306–321. https://journals.openedition.org/bagf/675
Cécile Praly, Carole Chazoule, Claire Delfosse, Jean Pluvinage. SYAL et relocalisation des agricultures européennes : Une application à l’arboriculture de la Moyenne Vallée du Rhône. Economies et Sociétés. Série AG Systèmes agroalimentaires, 2007, 29, pp.1547-1565. https://www.persee.fr/doc/esag_2275-2919_2007_num_41_929_936
Dynamique des structures agraires hongroises. Quels profils d’exploitation se dessinent ? Perrine Vandenbroucke , Istvan Feher ; Economie Rurale, 2011, 5-6 (325-326), pp. 100-113 https://www.cairn.info/revue-economie-rurale-2011-5-page-100.htm
Molnár A. et Vandenbroucke P., 2010. Structural and land use change of farms in the periurban area of Budapest _ Case study of Veresegyhàz subregion, Studies in Agricultural Economics, AKII, vol. 112, pp. 83-96. https://ageconsearch.umn.edu/record/93124/